GIEN ET JEANNE D'ARC

C'est il y a 600 ans, jour de l'Epiphanie (6 janvier 1412) que Jeanne d'Arc aurait vu le jour. En ce jour anniversaire, les élus et médias se sont déchaînés au village de Domrémy, lieu de sa naissance et à Orléans, ville qui, grâce a son courage et son sens de l'organisation, a été libérée le 8 mai 1429.

Excellente occasion pour nous, passionnés de l'histoire prestigieuse de Gien de rappeler que c'est dans notre ville, première ville de France sur son trajet de Domrémy à Chinon, que Jeanne d'Arc a révélé sa mission, que c'est ici qu'elle a rassemblé l'armée du sacre, qu'elle a signé l'appel "aux Français de Tournai" et que c'est par notre château qu'elle est repassée une troisième fois avec les restes de l'armée.

Certes Gien ( nous le regrettons) n'est pas officiellement considérée comme cité johanique; c'est donc avec plaisir que nous offrons à nos lecteurs les deux articles d'une étude relative à Jeanne d'Arc et Gien parus dans les Mardi de l'Histoire, rubrique hebdomadaire pour laquelle la République du Centre nous ouvre ses colonnes chaque mardi.

Comments

[Michel Tissier]

Bonjour M.Marché,

Désolé je n'ai pu vous répondre plus rapidement. M.Vauge qui a écris un livre intéressant relatif à Jeanne d'Arc vous a en grande partie répondu. Je pense en effet qu'un passage de Jeanne d'Arc par Ouzouer-sur-Loire, à mon avis beaucoup plus plausible dans le mois de décembre 1429/1430 mais je n'ai hélas pas plus d'élément tangible pour vous en apporter la preuve.

Cordialement

[Alain VAUGE]

Pour les Giennois que cela intéresserait, je mets en ligne une narration de la libération du siège d'Orléans : du 29 avril au 8 mai 1429 / 2012.

Quelques billets préliminaires sont déjà publiés.



Commentaires et extraits : sur la base de mon ouvrage cité plus haut.



Pour y accéder, cliquer sur le lien rouge "Alain Vauge".



A bientôt peut-être !



Alain VAUGE

[Alain VAUGE]

Je n'ai pas rencontré mention explicite d'Ouzouer-sur-Loire dans le dossier Jeanne d'Arc. Peut-être des chercheurs locaux seraient-ils plus heureux que moi.



Par contre, il est infiniment probable que l'héroïne traversa le village et sans doute à de nombreuses reprises. Durant l'hiver 1429/1430, elle fut notamment hébergée au château de Sully-sur-Loire qui appartenait à La Trémoille, Grand Chambellan de Charles VII. Hébergée ... en une sorte de résidence surveillée. Le roi y venait aussi de temps en temps.

Jeanne avait tout de même toute liberté pour chevaucher dans les environs. C'était une cavalière aguerrie et elle aimait passionnément chevaucher. Il se conçoit très bien qu'elle ait souvent "piqué des deux", traversé le pont et galopé vers Gien par la rive nord, le chemin le plus naturel. A cheval, Ouzouer-sur-Loire est à moins d'une demi heure de trajet. Fin 1429, début 1430, la rive nord était libre de toute présence anglaise.



Peut-être même, mais là aussi, rien ne l'atteste, traversa-t-elle le village à la tête des deux cents ou trois cents hommes de la compagnie du capitaine Baretta qu'elle venait d'embaucher à ses frais en avril 1430. Elle venait de quitter Sully en catimini et se dirigeait vers Meaux. La route de Gien semble toute indiquée, donc un passage par Ouzouer en venant de Sully. Supposition logique mais aucune preuve, et la logique de Jeanne n'était pas toujours purement cartésienne. Normal me direz-vous, le grand savant naquit 166 ans plus tard !



Bien cordialement,

Alain VAUGE

[Marché]

Mon grand-père m'avait dit que J'eanne d'Arc était passée à Ouzouer sur Loire (trajet entre Sully et Gien) en 1429, 1430.

Est-ce exact?

[Alain VAUGE]

De l'auteur de "J'ai nom Jeanne la Pucelle, Journal d'une courte vie" (Alain Vauge, Editions Bénévent) qui vient de paraître.

En quelques mots: à Domrémy,on l'appelait Jeannette. A Vaucouleurs c'était déjà Jeanne. En arrivant à Chinon,c'est elle-même qui se nomme à la demande du dauphin : "j'ai nom Jeanne la Pucelle" dit-elle. La Pucelle d'Orléans est une appellation tardive.

Et Gien ? Je pense que Jeanne, qui ne s'entendit jamais appeler Jeanne d'Arc, a pris deux résolutions très importantes pour la suite de sa "carrière" et surtout pour l'image qui nous est transmise ...

au moment où elle passa "en France" à Gien ...

lors de son périple vers Chinon. Un coup de génie "médiatique": se nommer Jeanne la Pucelle et conserver l'habit d'homme, de chevaucheur, que la traversée des terres bourguignonnes hostiles avait imposé. A Gien et au-delà, elle aurait pu reprendre l'habit féminin, surtout pour se présenter au dauphin, acte très formel et protocolaire. Non, elle choisit (définitivement) l'habit des damoiseaux. Par ailleurs, le mot pucelle était très courant dans la vie du XVe siècle. Un père parlait de ses pucelles quand nous disons "mes filles". Jeanne transcenda le mot pour en faire son emblème. Pas n'importe quelle pucelle, LA Pucelle, Jeanne la Pucelle, unique et immédiatement reconnaissable.

... Gien me paraît donc être une cité hautement significative dans l'épopée johannique et former le creuset d'une double résolution qui permit la première l'éclosion publique de celle que l'on sait. A ce titre, il ne serait pas faux de parler de Jeanne, "la Pucelle de Gien", d'autant que la nouvelle de son passage à Gien fut transmise dans la journée à Orléans.

Alain Vauge